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À LA BAIE D’HUDSON

vrier de son temps, l’émule des Jean Bart, des Du Guay-Trouin.

Dans ses rêveries nocturnes, d’Iberville se rappelle surtout sa rencontre, en 1683, avec La Salle de retour du Mississipi. Son imagination s’est enflammée au récit du merveilleux voyage. Le seigneur de Lachine a traversé le continent pour le donner au roi. Quelle gloire, mais aussi quel champ d’action ! Pendant trois ans, d’Iberville en a rêvé. Il a lu le livre du moine hâbleur Hennepin, le traître compagnon de La Salle. Dans son esprit positif, s’est élaboré tout un plan, si logique ! Pourra-t-il le mettre à exécution ? Maintenant, en 1686, M. de La Salle est en mer depuis des mois, cherchant l’embouchure du grand fleuve. On est sans nouvelles de lui, mais il réussira bien sûr. Et alors ?

M. d’Iberville ne sait pas au juste quelle forme prendra l’action dont il sent l’impérieuse nécessité. Il entrevoit dans le voyage à la baie du Nord l’occasion de se distinguer. Il a le goût d’arriver. Mais la gloire n’est pas son seul mobile. Canadien, il n’est pas comme ces officiers venus de France pour accomplir un stage en service commandé, et retourner à Versailles avec de l’avancement. Il comprend, comme La Salle et plus clairement encore, l’œuvre à réaliser. L’expédition du nord aura l’avantage de chasser l’Anglais de ces