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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE

largeur, sur quatre à cinq de longueur. Il sembloit que c’eût été une des plus grandes villes du monde qu’un tremblement de terre eût mise sans dessus dessous… Il n’y avoit pour lors point de nuit, aïant le plaisir de voir coucher et lever le soleil presque en même temps, et on lisoit facilement à minuit ». Et quand la nuit règne c’est une autre féerie de la lumière : « Il s’élève tout à coup la nuit dans le temps le plus serein des nuages plus blancs que l’albâtre, et quoiqu’il ne fasse pour lors aucun souffle de vent, ils volent avec tant d’agileté qu’ils prennent dans le moment toutes sortes de figures. Il paroît au travers de ces nuages une lumière si belle et si éclatante qui les fait jouer, pour ainsi dire, avec ressort que tout s’agite. Ils s’étendent comme des comètes, ensuite se ramassent, et s’évanouissent à l’instant. Il semble même que ce soit une gloire céleste. Plus les nuits sont obscures, plus l’éfet en est admirable, et sans exagération l’on peut lire aisément à la faveur de ces phénomènes ».

Si La Potherie peut se livrer à ces considérations poétiques, les commandants ont d’autres soucis. Quand les navires ne sont pas grapinés, il y a des abordages terribles avec les banquises. L’Esquimau, chargé de vivres, se perd, écrasé par les glaces et son équipage se sauve à grand peine. Les vaisseaux communiquent entre eux au moyen