ployait à convaincre les Indiens de la mauvaise foi des Anglais.
Ayant passé l’hiver à Naxouat, Villieu arrivait le 1er mai à Médoctet avec l’intention de convertir les Indiens. Le 9, sa croisade l’amenait à l’embouchure de la Mattawamkeog, affluent de la Pentagoët et il s’y assurait l’appui de Taxous. Il se rendit ainsi jusqu’à la Kennébec. Enfin, il revint à Pentagoët où Madokawando faisait toujours des difficultés, parce que Phipps venait de promettre la libération des prisonniers. Villieu prétendit ensuite qu’il avait surmonté la répugnance du grand sachem, en excitant sa jalousie contre Taxous. En réalité, Madokawando se décida quand il apprit de ses espions que les Anglais assemblaient mille hommes à Pescadouet « pour venir fondre sur les Abénaquis et les détruire entièrement », et que l’offre de Phipps n’était qu’une ruse pour gagner du temps. Le vieux guerrier n’hésita plus.
En juin, la troupe s’ébranlait de Pentagoët en canots. Madokawando et Taxous étaient à la tête des Abénaquis ; Villieu commandait quelques Canadiens, les Micmacs et les Malécites. Ils avaient pour mission d’agir vigoureusement, c’est-à-dire, comme l’écrivit Villieu dans sa relation, « de casser des têtes à la surprise après s’estre divisés en plusieurs bandes de quatre ou cinq, ce qui ne peut manquer de faire un bon effet ». Villebon n’avait-il pas reçu ces instructions, le 1er mai : « Il faut que les sauvages ne songent qu’à lever des chevelures, et qu’ils ne doivent point prendre de prisonniers comme ils ont fait jusques à présent parce que les renvoyant dans la suite à rançon ils ne manquent pas d’informer l’Anglais de leur force et du temps où on les pourrait surprendre » 13.
Le 14 juillet, ils débarquaient près d’Oyster-River, poste situé à une douzaine de milles de Portsmouth. Les éclaireurs firent connaître que le village, peu gardé, s’étendait sur les deux rives de cet affluent de la Piscataqua. Phipps avait exprimé l’avis, peu de temps auparavant, qu’on n’avait pas à craindre les incursions. Toutefois, douze garrison-houses offraient un excellent moyen de défense.
Le soir du 17, les Indiens s’approchaient de la petite ville, divisés en deux troupes, dont l’une devait mener l’attaque sur la rive nord, tandis que l’autre attaquerait sur la rive sud. Un coup de mousquet, à l’aurore, devait sonner l’heure H, ainsi que nous dirions maintenant.