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CHAPITRE VII


LES FRANÇAIS ET SAINT-CASTIN


— I —


Commerce avec les Anglais. — Si les sauvages n’avaient pas subi de grandes pertes, leurs maigres approvisionnements étaient épuisés et leurs champs de maïs, ravagés. D’un autre côté, la France ne manifestait pas l’intention de reprendre l’envoi des secours, toujours insuffisants et irréguliers, qu’elle leur avait fournis à partir de 1693. Ces secours n’étaient pas des « présents », comme le roi les appelait avec complaisance, mais des munitions et des vivres essentiels à des alliés qui, soutenant pour ainsi dire seuls la guerre commune, ne pouvaient chercher leur propre subsistance. Dans son mémoire de 1698, Villebon proposait au ministre de cesser les présents en temps de paix : le bon apôtre savait être agréable aux bureaux de Versailles, toujours hostiles aux dépenses coloniales. Tout au plus demandait-il, à l’intention des chefs, « douze chapeaux garnis de plumes de toutes couleurs, douze chemises à dentelles et des fusils de traite » 1.

Les largesses de la France allèrent sans cesse diminuant. Gouttins écrivait au ministre, le 20 octobre 1701 : « Les présents aux sauvages de Pentagoët ne sont pas sy considérables à beaucoup près que ceux de l’année dernière. » Brouillan constatait encore, en 1703 : « Les présents diminuent tous les ans. » Gouttins lui-même comprenait mal les services rendus par les Pentagoëts. Il écrivait au ministre, le 29 septembre 1702 : « Les sauvages de Pentagoët et de Quinibiqui sont allés au Canada demander des présents. » Ils en ont eu plus que « le reste des Micmacs qui contiennent trois fois autant de pays », à cause du voisinage des Anglais.

D’autre part, les Français n’aimaient pas à commercer dans ce coin, d’autant que le roi le leur avait interdit 2. Mais, Frontenac, plus au courant de la situation, leur conseillait au contraire d’y aller afin d’aider les sauvages.