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CHAPITRE VIII


BERNARD-ANSELME DE SAINT-CASTIN


— I —


Le flambeau relevé. — L’absence de Saint-Castin se faisait cruellement sentir en Acadie.

En 1701, éclatait la guerre de la succession d’Espagne. appelée « guerre de la reine Anne » en Nouvelle-Angleterre.

Brouillan offrit la neutralité à Boston qui, malgré son peu de préparation, repoussa cette offre.

Boston, raconte Belknap, avait deux griefs contre l’Acadie. D’abord, l’éternelle question de la pêche. Brouillan appliquait, avec la vigueur qu’il mettait en tout, l’interdiction signifiée aux vaisseaux anglais de pêcher sur les côtes acadiennes. Ensuite, le différend tout aussi ancien des frontières. Les missionnaires ne venaient-ils pas de fonder une mission à Norridgewock, dans le haut de la Kennébec, territoire le plus disputé ?

Les Français reprirent leur ardeur belliqueuse, dont le tempérament de Brouillan s’accommodait mieux. Le 18 juillet 1703, le ministre lui annonçait le départ de Saint-Castin, nommé commandant à Pentagoët. Le 6 juin, il avait écrit : « Le roi n’a pas été content des missionnaires qui se sont entremis pour l’adoption d’un traité de neutralité entre les Abénaquis et les Anglais. » Cette dernière lettre fait la lumière sur un point que nous avons déjà abordé. Les chroniqueurs et les historiens de la Nouvelle-Angleterre ont accusé les Jésuites (appellation sous laquelle ils englobaient tous les prêtres catholiques) et surtout le père Rasles, « that virulent priest » (Sylvester), d’avoir poussé les indigènes à la guerre malgré leur désir de paix. En réalité si l’on s’en rapporte à sa lettre du 6 juin, le ministre priait le père La Chaise, supérieur, de rappeler Rasles, suspect de tiédeur à l’égard de la guerre. Déjà, le 30 décembre 1701, Brouillan annonçait au ministre l’envoi d’une lettre que les sauvages de Pen-