Aller au contenu

Page:Daviault - Le Baron de Saint-Castin, chef abénaquis, 1939.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
LE BARON DE SAINT CASTIN

Sarraute consentit à un compromis. Mais, comme nous l’apprend une lettre du ministre à Harlay de Cély datée du 7 juillet, il éludait même les obligations ainsi acceptées. Le 4 août 1715, le ministre écrivait encore à Harlay de Cély :

« J’ai reçu une lettre du sieur de St-Castin par laquelle il se plaint que le sieur de Sarraute publie qu’il est bastard, quoique le contraire ait été prouvé et bien reconnu. C’est une calomnie qui mériteroit punition et il me parroit que le sieur de Sarraute devroit parler tout autrement à son égard. Par tout le procédé qu’il tient, il paroit qu’il cherche à éluder avec beaucoup de mauvaise foi le compte qu’il doit au sieur de St-Castin de la gestion de ses biens en qualité de son Procureur. Il y parviendra si vous continuez vos bons offices à cet officier. Je vous le demande pour luy et de luy faire rendre la justice qui luy est due. Je vous en seray fort obligé ».

Au printemps de 1716, l’affaire traînait encore au Parlement de Navarre. En même temps, Bernard-Anselme intentait un autre procès au chevalier de Florence à propos de la succession de Pierre-Paul de Florence, abbé d’Arette.

Son séjour en France se prolongeait. En conséquence, il se fit admettre aux États de Béarn, dans l’ordre de la noblesse, pour la terre de Saint-Castin, le 28 avril 1717. Mais ses affaires n’étaient pas brillantes, car en 1720, il demandait le versement de sa solde, à quoi le ministre répondait le 31 mai :

« Vous devés scavoir que le Roy ne paye point d’appointements aux officiers qui sont absents de leurs employs, particulièrement quand ils le sont depuis plusieurs années ; cependant lorsque vous serés en estât de vous embarquer pour retourner en Canada, le Conseil examinera ce qu’il pourra faire pour vous sur cela ; c’est à vous à prendre de justes mesures pour vous y rendre au plustost. »

Bernard-Anselme mourut à quelque temps de là, âgé probablement de trente ans. Le 8 octobre 1720, sa veuve écrivait au conseil de la Marine que son mari était mort sans avoir touché ses appointements depuis 1717, qu’il était parti du Canada avec congé pour vaquer à ses affaires et qu’on lui avait fait espérer le payement à son retour dans la colonie. Elle demandait qu’on eût pitié d’elle et de ses enfants. Le conseil lui accorda 600 livres, alors que Bernard-Anselme touchait 720 livres par année 20.