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CHAPITRE III


LA GUERRE DU ROI PHILIPPE


— I —


Sauvages et puritains. — À son titre de commerçant, qu’il avait pris par nécessité, Saint-Castin joignait la qualité, autrement importante, de chef militaire. Il n’avait abandonné ses fonctions dans l’armée française que pour devenir commandant des Pentagoëts, guerriers en état de guerre perpétuelle avec les Boston nais, non moins que leurs voisins.


Quiconque étudie l’histoire de l’Acadie à ses débuts s’étonne que cette colonie soit si longtemps restée française, malgré l’abandon de la France, à côté d’établissements anglais bien peuplés, riches, forts de milices nombreuses, puissamment intéressés à la conquête de ce territoire.

L’explication s’en trouve, d’abord, dans l’obstination des colons acadiens, qui s’accrochaient à ce sol et subissaient avec patience les invasions pour réédifier inlassablement sur des décombres.

D’un autre côté, jusque vers la fin du 17e siècle au moins, les guerres indiennes paralysèrent les habitants de la Nouvelle-Angleterre. Après les années 80 de ce siècle, ayant quelque répit chez eux, ils se heurtèrent à la marche de Pentagoët, fief de Saint-Castin. Les circonstances le portèrent à la tête des tribus en guerre avec leurs voisins. Il joua de la sorte un rôle dont on a rarement discerné l’importance. Les conflits entre les indigènes de l’Acadie et les Anglais de ces parages, quand on ne les ignore pas tout à fait, apparaissent en marge de notre histoire. On n’aperçoit pas l’influence considérable qu’ils exercèrent sur les destinées de la Nouvelle-France.

Les Anglais procédaient, dans le nord de l’Amérique, à l’extermination du Peau-Rouge que les Espagnols accomplissaient au sud. À l’exception des Mohicans et