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LE BARON DE SAINT CASTIN

d’autres sauvages maraudeurs déjà en guerre avec leurs frères de race, tous les indigènes souffraient de l’hostilité des colons.

Toutes plus ou moins atteintes, selon leur situation, les tribus abénaquises prirent le parti de se solidariser.

Leur méfiance à l’égard des Anglais remontait à 1605, année où Weymouth avait fait cinq prisonniers sur les rives de la Pentagoët. Deux ans plus tard, les Abénaquis, calmés, reconnaissaient le roi d’Angleterre pour leur souverain, ce qui ne les préserva nullement de lourdes injustices. Ils se révoltèrent et, en 1609, Hudson dut reculer devant leur hostilité.

En 1614, John Smith, aventurier de la Virginie, explorait les côtes jusqu’à la rivière Pentagoët. À son départ, il laissait un navire commandé par un certain Hunt, chargé d’embarquer du poisson à destination du marché espagnol. Hunt préférait une marchandise de plus grand rapport. Aussi s’empara-t-il, au cap Cod, de 27 sauvages qu’il alla vendre aux Espagnols comme esclaves. Fameux début !

En 1620, la Mayflower débarquait au cap Cod une centaine de puritains qui venaient fonder la colonie de Plymouth. Une troupe de sauvages les couvrit, dès leur descente, d’une nuée de flèches, mais recula aux premiers coups de mousquet.

Les indigènes éprouvaient une terreur telle de la poudre que, à peu de temps de là, Pekuanokets, Massajosets et Naragansets signèrent un traité de paix avec les puissants arrivants. Les grands chefs Samoset et Massasoit conclurent une alliance avec le gouverneur Carver. Devenu le plus ferme soutien des Anglais, Massasoit étouffa pendant plusieurs années les révoltes qui fermentaient partout. Les puritains le payèrent plus tard de cette fidélité en infligeant à son fils Philippe des supplices atroces.

Les nouveaux venus n’apportaient aucune bonne foi dans leurs relations avec les Indiens. Dès avant le départ d’Angleterre, ils avaient juré l’extermination des naturels. Bibliques au point d’adopter un code de lois inspirées de la Bible et d’observer le sabbat au moins le samedi après-midi, ils rejoignaient le judaïsme, par leur haine du catholicisme.

Ils reprenaient aux Hébreux la notion du peuple choisi, si peu favorable à la tolérance envers les Gentils 1. Les