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Page:David - Esquisse biographique de Sir George-Étienne Cartier, 1873.djvu/19

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les moyens ; on dit même que la corruption est une conséquence nécessaire du régime populaire. Nous n’en persistons pas moins à dire que le véritable mérite de l’homme d’État est de savoir allier l’honnêteté avec l’habileté et de perdre le pouvoir plutôt que de contribuer à l’abaissement des mœurs publiques. Nous ne savons jusqu’à quel point M. Cartier est coupable personnellement sous ce rapport.

Sa vivacité, son impatience et son absolutisme lui faisaient supporter difficilement la contradiction et la résistance ; il voyait peu de chose en dehors de lui-même, il voulait tout concentrer, tout absorber, ne voir dans son orbite que des satellites, et croyant personnifier toute sa race, il pensait que tout le monde devait être content, quand il l’était. S’il eût pu faire excommunier comme hérétiques tous ceux qui ne pensaient pas comme lui, il n’aurait pas manqué de le faire, il les aurait même fait brûler. Il ne leur épargnait pas au moins les gros mots, les persécutions et les déboires ; ses amis eux-mêmes avaient de la peine à supporter quelquefois ses rudesses et ses emportements. Cela contribua sans doute à le priver des secours et des conseils de plusieurs hommes de talent ; d’autres ne lui restèrent attachés que par terreur.

Mais, la majorité lui pardonnait facilement tout cela, parce qu’elle savait que sous ces dehors brusques, il cachait en réalité un grand fonds de bienveillance,