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Page:David - Esquisse biographique de Sir George-Étienne Cartier, 1873.djvu/18

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à principes, il était, lui, l’homme à succès, l’homme de combat par excellence. Il aurait pu faire ce qu’ils ont fait, mais eux n’auraient jamais pu conduire le parti conservateur dans des temps aussi difficiles, lutter avec autant de succès contre des adversaires aussi capables, à une époque où il fallait pour monter au pouvoir et y rester des qualités qu’ils n’avaient pas, prendre certains moyens qui auraient répugné à la nature indépendante de M. Lafontaine et à la conscience scrupuleuse de M. Morin.

M. Cartier était essentiellement un chef de parti, un organisateur, un administrateur. Les traits dominants de son caractère étaient l’énergie, l’impétuosité, l’esprit de domination, le désir de se faire un nom, la confiance en lui-même, l’amour du travail, le désintéressement.

L’énergie ! Il en avait pour transporter les montagnes, escalader le ciel. Il se ruait sur ses adversaires avec la fougue des Zouaves montant à l’assaut de Malakoff ; il était sans peur et sans pitié comme les Turcos qui déchirent leurs ennemis à coups de dents quand ils ne peuvent plus se servir de leurs mains.

Pour faire toutes nos réserves, contentons-nous maintenant de faire une seule question. M. Cartier a-t-il, dans l’ardeur de la lutte, dépassé quelquefois les limites que lui assignaient la justice et l’intérêt public ?

On prétend généralement que, pour gouverner dans un état démocratique, il faut être peu particulier sur