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reux, se rend à Burlington et revient, au mois d’août, à Montréal, après le bill d’amnistie de Lord Gosford.

On le laissa tranquille, mais les arrestations ayant recommencé, lorsque les Canadiens émigrés, conduits par Robert Nelson, franchirent la frontière, quelques mois après, M. Cartier trouva encore moyen de dépister la police ; et, cette fois, pour être plus en sûreté il se cacha, avec son ami, M. Hubert, dans une maison dont le propriétaire, M. Moffatt, était l’un des principaux bureaucrates du temps. Le haut de cette maison était habité par un brave homme, M. Ducondu, qui fut heureux d’offrir l’hospitalité à nos deux jeunes rebelles.

Ils restèrent deux mois dans cette paisible cachette où ils vécurent gaiement et burent plus d’une fois, en compagnie de quelques amis, à la santé de M. Moffatt et des bureaucrates. M. le magistrat de police Leclerc, ayant appris où ils étaient, leur fit dire qu’ils pouvaient sortir sans crainte. Ils se fièrent à sa parole, et les citoyens de Montréal, qui les croyaient partis pour les États-Unis, les virent reparaître avec surprise ; ils furent encore plus surpris, lorsqu’ils apprirent que MM. Cartier et Hubert avaient passé deux mois sous le toit protecteur d’un bureaucrate. On s’amusa beaucoup de cela à Montréal pendant plusieurs jours.

M. Cartier se livra alors tout entier à l’exercice de sa profession d’avocat et conquit en peu de temps une des premières places dans le Barreau de Montréal.