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LAURIER ET SON TEMPS

loyalisme ; j’aime mieux m’en tenir à la vieille locution française de loyauté. Et certes, s’il est une chose que l’histoire de France m’a appris à regarder comme un attribut de la race française, c’est la loyauté, c’est la mémoire du cœur. Je me rappelle, messieurs, ces beaux vers que Victor Hugo s’est appliqués à lui-même, comme l’inspiration de sa vie :

 
Fidèle au double sang qu’ont versé dans ma veine
Mon père vieux soldat, ma mère vendéenne.

« Cette double fidélité à des idées, à des aspirations distinctes, nous nous en faisons gloire au Canada. Nous sommes fidèles à la grande nation qui nous a donné la vie, nous sommes fidèles à la grande nation qui nous a donné la liberté. »

« Salué d’unanimes applaudissements, dit M. Henri Moreau, ce discours fut le grand succès de la soirée. Cette parole si justement française était chaleureusement applaudie tant par les Français présents que par les membres de la Chambre de commerce britannique. »

« Dès les premiers mots de son discours, écrivait à ce sujet, M. Hector Fabre, sir W. Laurier a pu voir combien était heureuse l’inspiration qui l’avait poussé à porter la parole en français, devant un auditoire en grande majorité anglais. Le plaisir des uns, l’émotion des autres, ont été visibles, et le succès du début a été grandissant jusqu’à la fin, emportant tous les suffrages. »

Quelques jours après, un groupe de Français distingués offrait à Laurier un banquet sous la présidence de M. Cochery, ministre des finances.

La situation était délicate, difficile, Laurier se trouvait en présence d’un auditoire raffiné, difficile à satisfaire. Mais son discours fut une révélation pour ces Français accoutumés à la grande éloquence. Son triomphe fut complet.