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LAURIER ET SON TEMPS

chef de l’opposition pour blâmer la destitution de Dundonald.

Il démontra qu’au Canada comme en Angleterre, l’armée devait être gouvernée par un ministre responsable au Parlement, que le commandant en chef de la milice était nommé par le gouvernement canadien, en vertu d’un décret de l’Exécutif, et lui devait respect et obéissance. Il cita des autorités et des exemples pour établir que lord Dundonald ne pouvait constitutionnellement et convenablement que faire des représentations au gouvernement et donner sa démission s’il n’était pas satisfait et voulait en appeler à l’opinion publique. Puis il termina en disant qu’il regrettait d’être obligé de faire allusion à un incident personnel, au bruit étrange que l’on faisait, à propos d’un mot, d’un lapsus linguae, auquel on s’acharnait à donner une signification malveillante. Il demanda avec une chaleur, une vivacité et une vigueur inaccoutumée s’il était juste, honorable même, pour un mot aussitôt retiré que prononcé, de l’accuser d’avoir fait usage de ce mot avec intention, sous l’empire d’un sentiment de malveillance, lorsque toute sa vie était là pour repousser une pareille accusation, lorsque soixante années témoignaient de son respect pour les institutions britanniques.

« Dans ma province, dit-il, les alliés de ceux qui m’accusent aujourd’hui de manquer de loyauté, me reprochent d’être un ennemi de ma race et de ma religion. Mais leurs appels aux préjugés n’ont pas eu de succès jusqu’à présent, et ils sont obligés d’inventer quelque chose de nouveau. Je ne crains pas plus les dénonciations des uns que des autres. Mon expérience m’apprend que dans notre bon pays du Canada, dans toutes les provinces et parmi toutes les nationalités dont il est composé, les appels aux préjugés peuvent bien un moment exciter les esprits, mais qu’ils finissent toujours par engendrer des sentiments de mépris dans le cœur des honnêtes gens. »