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LAURIER ET SON TEMPS


Laurier, Chapleau et Mercier.


Laurier, Chapleau et Mercier ont été les trois hommes les plus populaires de leur temps.

Tous les trois, ils sont parvenus par la force de leur talent et de leur volonté, aux positions les plus hautes, aux sommets les plus élevés. Chapleau et Mercier sont devenus les premiers ministres de leur province, et Laurier premier ministre du Canada tout entier.

Pendant quelque temps, Chapleau et Mercier l’emportèrent sur Laurier dans les assemblées populaires ; le premier par sa verve, sa chaleur, sa vivacité d’esprit, sa diction entraînante, sa voix vibrante et mélodieuse, ses périodes ronflantes et enflammées ; Mercier par la force et la précision de la pensée, la vigueur incomparable de l’argumentation, les ressources de sa logique admirable et l’énergie de ses sentiments patriotiques.

Ils avaient plus que Laurier le langage qui convient aux foules, flatte leurs sentiments ou leurs préjugés et soulève leurs applaudissements per fas et nefas.

Leur soif de popularité, leur amour du pouvoir et des jouissances qu’il procure, stimulait leur ambition, mais leur faisait commettre des erreurs et des fautes, les empêchaient de se rendre compte de la nature plus ou moins suspecte de leurs manœuvres.

Aussi, pendant qu’ils jetaient aux quatre vents du ciel leurs philippiques entraînantes, s’enivraient de leurs succès et se dépensaient imprudemment, Laurier se réservait, étudiait, emmagasinait, se contentant de tirer de temps à autre