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LAURIER ET SON TEMPS

« Le premier ministre a dit hier que Gabriel Dumont et ses amis sont ce qu’ils ont toujours été, des rebelles. Il n’est pas à ma connaissance que Gabriel Dumont ou aucun de ceux qui ont pris les armes sur la Saskatchevvan ou sur la rivière Rouge aient jamais songé à se révolter contre l’autorité de Sa Majesté. Ce n’est pas contre Sa Majesté la Reine qu’ils se sont révoltés ; c’est contre la tyrannie du gouvernement canadien. Il est très possible que les Métis, à peine sortis d’une vie nomade, n’ayant pas vécu en réalité plus de sept ou huit ans sous le régime britannique, n’aient pas encore appris à aimer le drapeau britannique, parce que, jusqu’à présent, ce drapeau confié aux mains des députés de la droite ne leur a pas apporté cette justice qui a partout accompagné le drapeau britannique depuis cinquante ans. Mais je dis ceci, moi qui viens d’une province où il y a moins de cinquante ans tous les hommes de la race à laquelle j’appartiens étaient des rebelles, et où tous ceux de cette race sont aujourd’hui des sujets aussi fidèles et aussi loyaux que les autres, — je dis : Rendez justice à ces hommes, accordez-leur leurs droits, traitez-les comme vous avez traité le peuple du Bas-Canada depuis quarante ans, et bientôt vous aurez le contentement, la paix et l’harmonie dans toute l’étendue de ces territoires, où règnent aujourd’hui la discorde, la haine et la guerre, au détriment du pays. »

L’éloquence de Laurier n’empêcha pas la majorité de repousser la motion de censure de M. Blake.

Riel fut arrêté dans les bois environnant Batoche, où il errait, ou plutôt, il se rendit au moyen d’une lettre qu’il écrivit au général Middleton. Pourquoi ne prit-il pas la route des États-Unis, comme Lepine ? Il crut, dit-on, qu’on lui tiendrait compte de sa reddition volontaire. Ses actes de confiance lui ont été souvent funestes. Dans la première insurrection, il mettait bas les armes, sur des promesses verbales d’amnistie, lorsqu’il était en possession de Fort Garry