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LAURIER ET SON TEMPS


Le plus brillant discours de Laurier


Après avoir repoussé l’accusation de fanatisme portée contre les Canadiens-Français, il s’écria :

« J’ai le droit d’affirmer, pour être juste envers mes concitoyens d’origine française, qu’on ne peut trouver nulle part ailleurs sous le soleil une race plus docile, plus calme, plus soumise aux lois. J’en appelle au témoignage de tous ceux qui les connaissent et qui ont vécu au milieu d’eux, pour dire que, s’ils ont commis des fautes, ils n’ont jamais du moins caché, protégé et encouragé le crime.

« Il est vrai, que dans la présente occasion, ils ont montré une vive sympathie pour l’infortuné mort sur l’échafaud, le seize novembre dernier. Mais ce sentiment ne provient pas de préférences nationales ou de préjugés de races, si vous voulez leur donner ce nom.

« Ils n’ont pas été plus aveuglés par les préjugés de races que ne l’a été la presse étrangère qui a blâmé l’exécution de Riel. La presse étrangère, la presse américaine, la presse anglaise, la presse française, presque sans exception, a considéré l’exécution de Riel comme un acte injuste, inexcusable, contraire aux idées de notre époque. Certainement, on ne peut accuser cette presse d’avoir agi sous l’influence des préjugés nationaux. Il en est de même des Canadiens-français ; ce sont les raisons et les arguments résultant rigoureusement de l’étude des faits de la cause qui les ont déterminés à prendre l’attitude qu’ils ont prise, et non des préférences nationales. Mais si on avait dit que les préjugés de race, les liens du sang ont rendu plus vive et plus profonde leur conviction, on aurait dit vrai. Je n’admettrai