se mettent en révolte, est-il un seul membre de cette Chambre qui dira que ces hommes ne sont pas dignes de sympathie ? est-il un membre de cette Chambre qui ne dira pas que les criminels dans cette rébellion — si criminels il y a — sont, non pas ceux qui se sont battus, qui ont versé leur sang, qui sont morts, mais les hommes qui siègent ici, devant moi, sur les banquettes ministérielles.
« Monsieur l’Orateur, la rébellion est toujours un mal ; c’est toujours une offense contre la loi fondamentale des nations ; moralement, ce n’est pas toujours un crime. Dans la semaine même qui a précédé l’exécution de Riel, le ministre de la Milice a ainsi exprimé son opinion sur les rébellions : "Je déteste tous les rebelles, je n’ai aucune sympathie pour la rébellion, bonne, mauvaise ou indifférente". Mais, ce qui est détestable — j’emploie le mot dont l’honorable monsieur s’est servi — ce qui est détestable, ce n’est pas tant la rébellion que le despotisme qui engendre la rébellion ; ce qui est détestable, ce ne sont pas les rebelles, mais les hommes qui, ayant les avantages du pouvoir, n’en remplissent pas les devoirs ; ce sont les hommes qui, pouvant redresser les torts, refusent de le faire ; ce sont les hommes qui, lorsqu’on leur demande un pain, donnent une simple pierre. L’honorable monsieur déteste tous les rebelles, dit-il. Je me demande s’il comprend dans ce sentiment de haine, le grand rebelle dont la fière statue se dresse ici, pour ainsi dire à portée de mon bras. J’oserai dire que si cet homme, auquel le gouvernement canadien a fait élever une statue ici, avait pu revenir à la vie aujourd’hui et reprendre sa place sur les bancs des ministres, il se serait rappelé qu’un jour il avait été rebelle lui aussi.
J’en appelle, cette fois, comme j’en ai appelé ailleurs, à tous les amis de la Liberté, à tous ceux qui, pendant ce dernier quart de siècle, ont senti palpiter leur cœur chaque fois