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les patriotes

une expédition à main armée contre le Canada. Ils furent acquittés après une enquête qui dura plusieurs jours, dans laquelle on prouva que les patriotes étaient entrés au Canada sans armes.

Mme  Gagnon passa une partie de l’hiver avec son mari, à Corbeau, à quelques milles de la frontière. Au mois de mars, cette femme courageuse, voyant sa famille sans ressources, dénuée de tout, entreprit de retourner au Canada pour reprendre possession de leurs biens et essayer d’ensemencer leur terre. Elle réussit, avec l’aide de ses enfants et de quelques voisins, à semer quelques minots de grains.

Gagnon, bravant le danger qui le menaçait, allait voir sa famille, la nuit, à travers les bois. Plusieurs fois, il faillit être pris et n’échappa qu’a force de ruse et d’audace.

C’est dans une de ces visites, au commencement de juillet, qu’il lut dans un journal, la proclamation de lord Durham qui l’excluait du bénéfice de l’amnistie. Sa femme et ses enfants, alarmés, le prièrent de ne plus s’exposer. « Ne craignez, rien, répondit Gagnon, jamais un bureaucrate n’aura la prime offerte pour ma tête. »

Bientôt Gagnon commence à venir plus souvent que jamais au Canada, car on prépare un autre soulèvement, un mouvement combiné des Canadiens réfugiés aux États-Unis et des patriotes des comtés de Laprairie, de l’Acadie, de Chambly et de Beauharnois. Gagnon est l’homme de confiance de Robert Nelson, le porteur de ses messages ; il se multiplie pour assurer le succès de la nouvelle insurrection ; il croit que, cette fois, le triomphe est assuré ; il ne recule devant aucun sacrifice, aucun danger.

Un soir, un courrier lui apprend que Nelson veut le voir à Napierville. Il part avec l’intention de revenir pendant la nuit. Il a été vu, un traître le dénonce. Vers onze heures, un grand bruit se fait autour de la