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nications libres entre Rouse’s Pointe et Napierville, et de faire parvenir à Nelson des armes et des munitions.

Lucien Gagnon avait réussit à regagner les États-Unis après la bataille d’Odelltown. Les émotions violentes, les fatigues et les privations qu’il avait éprouvées avaient fini par ébranler sa santé.

La consomption le prit, et, après avoir langui pendant deux ans, il mourut, le 7 janvier 1842, à Champlain, après avoir reçu tous les secours de la religion. Sa fin fut digne de sa vie ; ses dernières paroles furent pour son Dieu et son pays. « Je meurs pour ma patrie, dit-il, qu’elle soit heureuse ! »

C’était vrai, il mourait victime de sa nature ardente et généreuse, de son patriotisme.

Son corps fut transporté à Saint-Valentin, et l’on vint de tous côtés à ses funérailles. Les cultivateurs se firent un devoir de rendre un dernier hommage à celui qu’ils avaient si longtemps considéré comme l’un de leurs chefs, à cet homme de cœur qui avait tout sacrifié pour la cause populaire.

Il fut enterré, conformément au désir qu’il avait manifesté, avec la tuque bleue et l’habit d’étoffe du pays, qu’il portait toujours. M. Bourassa, député de Saint-Jean, était parmi ceux qui portèrent son corps en terre.

Lucien Gagnon était de moyenne taille, robuste, actif, impétueux, aussi prompt à exécuter un projet qu’à le concevoir, d’un esprit fertile en expédients, d’une audace et d’un courage à tout épreuve. Il fut aussi bon époux, bon père et bon chrétien.

Gagnon n’a pas laissé de fortune à ses enfants ; il a tout sacrifié à la cause de la liberté, à sa patrie qu’il aimait tant ; mais il leur a transmis un nom qu’ils ont droit de porter avec orgueil, un nom de véritable patriote.