commerce florissante, il épousait Aurélie, fille du lieutenant-colonel Boucher de la Bruère, seigneur de Montarville.
« Après la fameuse assemblée des cinq comtés, où il fit connaissance avec Chénier et les principaux chefs du mouvement insurrectionnel, il organisa à Saint-Hyacinthe une succursale des Fils de la liberté de Montréal, dont il fut nommé capitaine ; et un bon dimanche, à la tête de sa compagnie, il planta, sur la place de l’église, aux acclamations de la foule, le mai de l’indépendance, surmonté du bonnet phrygien.
« Ce mai fut abattu, quelques jours après, par les bureaucrates, qui, pour prix de cet acte de loyauté, furent bien et dûment goudronnés et emplumés, la nuit suivante. Ce fut peut-être là, de tous ses exploits, celui qu’on pardonna le plus difficilement au jeune capitaine.
« Nous avons dit que peu d’hommes plus que lui eussent contribué au succès, si le succès eût été dans l’ordre des choses possibles : voici comment.
« L’année précédente, de concert avec son frère Charles — un autre brave, celui-là — et M. Pierre Boucher de la Bruère, il avait fondé à Saint-Hyacinthe une banque fort prospère, sous le nom de Banque Canadienne.
« Il était pour ainsi dire l’âme de cette institution, lorsque la révolte éclata.
« En homme pratique et clairvoyant, M. Pacaud vit tout de suite le défaut de la cuirasse, comprit le rôle important qu’il pouvait jouer, calcula les immenses services qu’il pouvait rendre, et, en homme de cœur et de dévouement, il résolut de fournir à l’insurrection ce qui lui manquait le plus — le nerf de la guerre ! C’était mettre en enjeu et faire de gaieté de cœur le sacrifice de ses plus belles espérances de fortune et d’avenir… Il n’hésita pas.