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avant-propos

gouvernementale de ceux qui s’imaginent que, dans une colonie anglaise, un corps portant le nom et le caractère d’une assemblée représentative, pouvait être privé d’aucun des pouvoirs qui, dans l’opinion des Anglais, sont inhérents à une législature populaire. »

Lord Gosford, qui devait plus que tout autre condamner une insurrection dont on cherchait naturellement à lui faire porter en partie la responsabilité, a fait dans le parlement anglais l’aveu suivant :

« Il y a, à Montréal et dans ses environs, une certaine classe d’Anglais à qui tous les hommes libéraux et indépendants ne peuvent qu’être hostiles, et dont les actes et la conduite ont été caractérisés par un esprit de domination insupportable ; ils ont toujours aspiré à posséder le pouvoir et le patronage, à l’exclusion des habitants d’origine française. C’est à eux surtout qu’il faut attribuer les troubles et les animosités. »

Un soir, il y a quelques années, M. le Dr  Dumouchel, membre du sénat, dînait à Rideau Hall. Se trouvant placé à côté de lord Dufferin, la conversation s’engagea entre eux et tomba sur la loyauté des Canadiens-français.

— Je pense, disait le gouverneur du Canada, qu’il n’y a pas de sujets plus loyaux que les Canadiens-français.

— Très certainement, répondit M. Dumouchel ; il y eut, il est vrai, en 1837, un mouvement de nature à compromettre la réputation des Canadiens-français sous ce rapport…

Lord Dufferin ne le laissa pas achever :

— Avec un gouvernement corrompu comme celui que vous aviez alors, ajouta-t-il, il est bien surprenant que les choses n’aient pas été plus loin.

En face de pareils témoignages donnés en faveur des patriotes par des hommes aussi désintéressés, le moins