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mente de ’37 auxquels il prit part, dit à la page 11 de son livre :

« Chénier sauta dans le cimetière. Une balle l’abattit ; il se releva et deux fois il chargea et déchargea son fusil avant de mourir. »

Le lendemain du feu de Saint-Eustache, l’un des principaux officiers de Colbome disait, à Saint-Benoît, en présence de plusieurs personnes, que Chénier était mort en brave, en combattant, et que les soldats avaient été obligés de l’achever.

Une dame présente aurait alors dit : « Il n’y a qu’un soldat anglais capable de tuer un homme blessé et incapable de se tenir debout. »

Dans un livre publié, il y a quelques mois, par M. Globensky, fils du capitaine Globensky qui commandait une compagnie de volontaires à Saint-Eustache, on a lu avec surprise la déclaration d’un nommé Cabana qui cherche à faire croire que Chénier, voyant l’église en feu n’avait songé, comme lui, qu’à fuir. Mais ce pauvre Cabana ne sait pas plus ce qu’il dit qu’il ne savait ce qu’il faisait, lorsqu’il s’est enfui du clocher de l’église. Nous ne prendrons pas même la peine de publier les déclarations contraires faites sous serment par de nombreux témoins oculaires, afin de ne pas paraître attacher la moindre importance à un livre pitoyable, et aux divagations de pauvres gens qu’il faut plutôt plaindre que dénoncer.

Le livre de M. Globensky a été le dernier coup de boutoir porté par la bureaucratie à des hommes dont l’honneur est le bien de la nation ; c’est le dernier cri d’un parti condamné depuis longtemps par l’opinion publique.

La tradition rapporte qu’après le combat le corps du Dr Chénier fut trouvé vers six heures et porté dans l’auberge de M. Addison, où on l’étendit sur un comptoir, que là on lui ouvrit la poitrine, qu’on lui arracha