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les patriotes

voiture, et je fis mettre l’officier à mon côté. Guertin était assis sur le derrière, à droite, et Maillet à côté de lui, à gauche. Quand nous fûmes avancés à environ un quart d’arpent de l’endroit d’où nous étions partis, je fis débarquer Guertin, en conséquence des mauvais chemins, et vu que je pensais que nous étions assez de deux pour reconduire l’officier ; ce dernier m’avant auparavant donné sa parole d’honneur qu’il ne s’échapperait pas ; puis, nous continuâmes à marcher. Il avait les mains liées ; et m’étant aperçu qu’elles lui devenaient bleues par le froid, je lui donnai mes gants, ajoutant qu’il n’avait rien à craindre, qu’il était sous ma protection, et que je le conduirais sain et sauf jusqu’à Saint. Charles. Il ne me répondit pas. Je crus qu’il ne me comprenait point ; je lui parlais en français, et lui disais quelques mots en anglais, essayant de mon mieux à me faire comprendre de lui. Rendu à un quart d’arpent de l’église, le sergent Maillet lui passa autour du corps la strappe qui servait auparavant à lui lier les mains. Je ne crois pas que le prisonnier se soit aperçu qu’il était ainsi retenu par derrière. L’officier ayant sauté hors de la voiture, la strappe que tenait Maillet le fit tomber à genoux, la voiture continuait à marcher. Maillet avait alors avec lui une ancienne épée française, d’environ un demi pied de long. Il sauta hors de la voiture, et se mit à frapper, tant sur le waggon que sur l’officier. Je crois qu’il frappa avec le plat de l’épée ; l’épée cassa. Je crois qu’il ne fit que couper le collet de l’habit de l’officier. Il donna trois ou quatre coups : Je ne puis pas dire s’il frappa avec le tranchant, ou avec le plat de l’épée. Je ne crois pas qu’il ait infligé de graves blessures au défunt. Maillet demanda main-forte. J’étais transporté et excité. Ma voiture marchait toujours ; de sorte que je me trouvai à trente ou quarante pieds de l’officier, qui s’était avancé un peu, en voulant gagner les troupes. Les troupes étaient