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actuellement à dix ou quinze arpents en bas du village. L’officier, en sautant hors de la voiture, avait dit : Let me see the soldiers, et Maillet lui avait répondu que non, qu’il avait le temps de les voir. Après avoir arrêté mon cheval, je revins près de l’officier, et je trouvai le nommé Joseph Pratte qui faissait dessus avec un gros sabre de dragon. Il lui avait donné douze à quinze coups. L’officier était tout haché. Je repoussai Pratte et relevai l’officier. Je crus voir qu’il avait trois doigts de la main droite coupés, et plusieurs blessures à la tête. En arrivant là où était l’officier, je vis Pratte frapper plusieurs coups sur lui ; l’officier avait déjà reçu plusieurs autres blessures. J’étais environné de monde. Après que j’ai été descendu du waggon, j’ai vu porter des coups sur l’officier, par Maillet ; et c’est en arrivant vers l’officier que j’ai vu Pratte qui le frappait. Jusque là, la foule m’avait empêché de voir. Jalbert n’était pas encore arrivé alors. Quand je relevai l’officier, je lui dis en mauvais anglais : What you want do ? I promised you my protection, but I cannot help it ; I believe some body will shoot you in a minute. (Que prétendez-vous faire ? — Je vous ai promis ma protection ; mais je ne suis plus le maître : je crois que quelqu’un va venir vous fusiller dans l’instant.) J’ai repoussé Pratte en arrivant, pour l’empêcher de frapper de nouveau. Plusieurs criaient : « Rachevez-le ! rachevez-le ! » Il se mourait alors. Sur ces entrefaites, arrive le capitaine Jalbert ; il était à cheval, un sabre à son côté, un pistolet dans sa selle. Il est probable qu’il a commandé, lui aussi, de le finir, Jalbert était à dix ou douze pieds de moi, à cheval. Je le connaissais depuis longtemps. Je n’ai pas entendu le capitaine Jalbert dire : « Rachevez-le ! Rachevez-le ! » mais d’autres le disaient. Jalbert était du nombre de ceux qui le disaient. Je ne puis pas dire si Jalbert a commandé. Je crois que Jalbert a dit : « Rachevez-le ! Rachevez-