Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
les patriotes

vernement qui, en 1837, ne le protégeait plus, ce même courage élevé le décida à tirer l’épée contre un pouvoir qu’il regardait consciencieusement comme oppresseur et spoliateur. Quelle que soit l’opinion de certaines personnes sur ce qu’elles considèrent comme une erreur, elles doivent au mois apprécier les motifs, et respecter le courage du brave capt. Jalbert.

« Vous le voyez, messieurs ; il est devant vous. Portez vos regards sur ces traits vénérables, et dites-moi si ce calme admirable qu’ils peignent, n’est pas la vive expression de ce qui se passa dans cette âme tranquille et dans la conscience sans reproche de l’homme vertueux : la douceur l’humanité et la bienveillance sont les traits caractéristiques de cette figure admirablement tranquille.

« Le prisonnier, messieurs, ne tient guère à la vie ; sa carrière a été honorable, et celui qui a eu le courage de passer, sans fléchir, à travers les balles et les boulets, ne craint guère la mort. Il m’a chargé de vous déclarer, de sa part, qu’il est innocent ; et moi, je vous répète avec confiance que je le crois innocent. S’il m’eût avoué qu’il était l’auteur du crime atroce dont on l’accuse, je ne vous le dirais pas, comme de raison ; mais comme il a toujours protesté de son innocence, je vous en fais la déclaration intime. Il m’a souvent assuré, et je le crois, car c’est un homme d’honneur, que si, dans un moment d’erreur ou d’excitation, il eût trempé ses mains dans le sang de l’infortuné lieutenant Weir, il nous l’aurait déjà avoué, et n’aurait jamais fait rejaillir sur d’autres l’accusation d’un crime qu’il aurait eu le courage d’expier.

« Messieurs les jurés, notre respectable client, le prisonnier à la barre, est accusé d’avoir, le 23 novembre 1837, commis un meurtre, en mettant à mort le lieutenant Georges Weir, du 32e régiment de Sa Majesté. C’était, comme on vous l’a prouvé, le jour où les trou-