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trant, habile dans l’art de parler et d’écrire, il était déjà, à vingt-huit ans, un excellent avocat, un orateur estimé et un des premiers écrivains du temps. Lui et M. Morin étaient considérés comme les deux meilleures plumes de l’époque. Ses écrits et ses discours se faisaient remarquer par la force du raisonnement, l’énergie des convictions et la distinction du langage. Il était plus orateur parlementaire que tribun, plus argumentateur que sentimental ; il n’avait pas l’éloquence populaire de Rodier, mais il excellait à faire ressortir dans un langage clair, précis et énergique tous les arguments intrinsèques ou substantiels d’une question. La conviction et l’honnêteté se manifestaient dans ses paroles et leur donnaient une valeur considérable.

Un extérieur des plus agréables ne contribuait pas médiocrement à lui donner le prestige et les sympathies dont il jouissait. C’était un des plus beaux garçons de son temps. Il était grand, bien fait et distingué dans sa figure comme dans ses manières, blond avec des yeux noirs ; son teint était riche, sa physionomie sérieuse et réfléchie, mais empreinte de bienveillance, son maintien imposant.

C’était une nature chevaleresque, généreuse et enthousiaste, mais tempérée, maîtrisée par un esprit réfléchi, par le sentiment du devoir et des convenances.

Est-il nécessaire de parler de son patriotisme, quand sa mort est là pour l’attester ? Il aimait son pays et sa religion d’un égal amour, il était aussi bon chrétien que dévoué patriote. Il n’avait pas honte d’affirmer sa foi et de pratiquer ouvertement ses devoirs de catholique. M. T.-S. Brown, qui était l’un de ses amis les plus intimes, et qui eut souvent l’occasion de coucher dans la même chambre, dit que la première chose qu’il faisait, le matin à son lever, était de se mettre à genoux pour faire sa prière. Et il n’avait pas de la religion que les