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les patriotes

leur et deux autres, allèrent en avant pour sonder le terrain et les dispositions des sauvages.

Pendant qu’ils essayaient de décider quelques uns des sauvages à leur prêter leurs armes, une femme étant allée près du bois, aperçut les patriotes et revint tout effarée, raconter aux chefs sauvages ce qu’elle avait vu. L’alarme fut donnée, les sauvages prirent leurs fusils, et les chefs décidèrent qu’après avoir employé la ruse pour attirer les patriotes dans le village, on les arrêterait.

Les Canadiens-français furent traités en cette circonstance par les sauvages, comme ils le sont souvent par ceux qui se disent leurs alliés et leurs obligés.

Cinq ou six sauvages envoyés en avant, sans armes, firent croire aux patriotes qu’ils pourraient, peut-être, s’entendre avec les chefs et les décidèrent à s’avancer. Lorsque les chefs, qui les attendaient à la tête d’une quarantaine d’hommes bien armés, les virent dans l’impossibilité de se défendre et de s’enfuir, ils donnèrent l’ordre de se jeter sur eux et de s’en emparer. Les patriotes n’ayant point d’armes, la chose fut facile ; ils se laissèrent arrêter et conduire à Lachine, et de là à la prison de Montréal, d’où ils ne sortirent, la plupart, que pour monter sur l’échafaud.

Les patriotes du comté de Laprairie ne furent pas plus heureux que ceux de Châteauguay et de Beauharnois. Ils avaient reçu ordre de se rendre des différentes paroisses du comté à Saint-Constant, pour de là aller prendre possession de Laprairie, de ses casernes et du bateau à vapeur qui faisait la traversée entre cet endroit et Montréal. On leur avait dit qu’un corps de troupes considérable venu des États-Unis, les attendait à La Tortue, pour leur prêter main forte. Ils étaient commandés par Joseph Robert, de Saint-Édouard ; Ambroise Sanguinet et Charles Sanguinet, de Saint-Philippe ; Pascal Pinsonneau, de Saint-Édouard ;