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les patriotes

Gravelle, Roussin et Saint-Louis étaient arrêtés, subissaient leur procès et étaient condamnés à être pendus.

Après Terrebonne, Sainte-Anne fut la paroisse du Nord où il y eut le plus d’agitation en 1838. Parmi les patriotes de cet endroit, signalons entr’autres M. Guillaume Prévost, père d’une famille bien connue et remarquable comme lui par la vigueur de l’esprit et du caractère. En 1838 comme en 1837, sa maison fut un centre de réunion pour les patriotes, un magasin d’approvisionnement et même une véritable manufacture de balles. Deux de ses fils n’étaient encore que des enfants — l’aîné n’ayant que dix-sept ans — mais c’étaient déjà des hommes par l’énergie et la détermination. Ceux qui connaissent M. Ménésippe Prévost, de Terrebonne, et son frère Melchior, de Saint-Jérôme, savent qu’ils n’ont pas dû être enfants bien longtemps ; et on peut en dire autant de leurs frères. Rien ne pouvait modérer leur ardeur, tempérer leur enthousiasme ; porter des messages à Terrebonne et à Saint-Vincent-de-Paul, fondre des balles du matin au soir, marcher le jour et la nuit, rien ne leur coûtait.

Lorsque Comeau et ses satellites passèrent à Sainte-Anne pour arrêter Granger, Latour et plusieurs autres, M. Prévost et ses deux garçons échappèrent, grâce à la discrétion des gens de l’endroit, qui refusèrent de parler.

M. G. Prévost était l’oncle de Joseph-Léandre Prévost, notaire, de Terrebonne, et l’un des chefs patriotes les plus ardents de toutes les paroisses du Nord.

À Sainte-Bose, il y eut aussi des réunions secrètes chez un aubergiste du nom d’Augustin Tassé. On se prépara à marcher le 3 novembre, et quelques uns se rendirent au camp de Terrebonne. L’agitation dans cette paroisse était encouragée par le curé, M. Turcotte, qui, se croyant en danger, s’était enfui, l’année précédente, aux États-Unis où il avait vu Nelson, Côte