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sur deux mille, il y en avait deux à trois cents qui avaient des fusils, et encore, quels fusils ! Les autres étaient armés de piques, de fourches et de bâtons pointus.

C’était 1837 qui recommençait.

Un certain nombre de citoyens américains avaient promis de l’argent et des armes, mais une proclamation du président des États-Unis et l’intervention énergique des autorités militaires refroidirent leur zèle et les empêchèrent de tenir leurs promesses.

L’affaire de Lacolle acheva de les décourager.

Ils avaient réussi à mettre deux cent cinquante fusils, un canon et des munitions à bord d’un schooner qui, descendant le lac Champlain, avait jeté l’ancre vis-à-vis de Rouse’s-Point, le 5 novembre au soir. Mais les volontaires d’Odelltown, s’organisant à la hâte, étaient allés prendre possession du moulin de Lacolle, de manière à empêcher toutes communications entre Rouse’s-Point et Napierville, et à intercepter les convois d’armes et de munitions destinés aux patriotes. Côte, Lucien Gagnon et les capitaines Grégoire et Morin, étaient partis aussitôt de Napierville, à la tête d’une centaine d’hommes, pour déloger les volontaires. Le sept, vers neuf heures du matin, ils tombaient sur ceux-ci qui occupaient une forte position. Les loyaux n’auraient pas résisté longtemps, si, pendant le combat, un corps considérable de miliciens de Hemmingford n’était venu à leur secours. Les patriotes, attaqués de tous les côtés, virent avec désespoir que la lutte était inutile et retraitèrent vers la frontière américaine. Ils eurent une dizaine d’hommes tués, entre autres, le brave capitaine Grégoire.

Cet échec, qui coupait les communications de Nelson avec les États-Unis et lui enlevait la dernière espérance qu’il avait de recevoir des secours — des armes surtout — était désastreux.