Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/217

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EXPIATION ET VENGEANCE


Bureaucrates, volontaires et soldats parcoururent en tous sens les comtés situés au sud du Saint-Laurent, pillant, dévastant et brûlant les maisons et les granges des patriotes, accablant les femmes et les enfants de mauvais traitements et les lançant sur le chemin public par des temps affreux, obligeant de pauvres mères d’aller, pendant la nuit, suivies de leurs enfants, mendier l’hospitalité. On pouvait suivre Colborne et ses farouches soldats à la lueur des incendies qui illuminait leur marche triomphale. Ils furent sans pitié et d’autant plus braves et insolents que les hommes ayant fui pour ne pas tomber entre leurs mains, ils ne rencontraient partout que de pauvres femmes et d’infortunés enfants sans défense et sans protection.

Que de larmes ! Que de scènes de désolation !

Tous les jours, pendant le mois de novembre, des escouades de dix à trente prisonniers traversaient les rues de Montréal.

Ces braves gens, des hommes respectables en général, l’élite de la population, étaient accueillis par des vociférations, des menaces de mort d’une populace enragée que la force armée était obligée de contenir pour l’empêcher de se porter à des voies de fait.

Il y avait trois bâtisses servant de prisons : une à la Pointe-à-Callières près du couvent des Sœurs-Grises, était une espèce de hangar malpropre, froid, où l’air était insupportable ; une autre — l’ancienne prison — était située sur la place Jacques-Cartier, à peu près à l’endroit où se trouve maintenant le Palais de justice ;