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et la troisième était la nouvelle prison au Pied-du-Courant où presque tous les prisonniers furent transportés après un certain temps. On en mit une centaine dans les cachots, et on logea les deux à trois cents autres dans les étages supérieurs de la prison.

Dans les commencements, les prisonniers furent traités durement ; ils souffrirent du froid, et le pain — leur seule nourriture — était peu abondant. Plus tard on adoucit le régime, on leur permit de se voir et de se parler dans les corridors, de recevoir leurs parents et leurs amis, et d’en accepter des secours. Quelques personnes charitables, s’intéressant au sort de ceux qui n’avaient personne pour les soulager, allaient de porte en porte dans la ville demander pour eux des vivres, du linge et de l’argent qu’elles leur portaient. Il en est deux surtout qui méritent une mention spéciale et que les prisonniers de 1838 n’ont jamais oubliées : — Mme Gamelin, qui devient plus tard fondatrice de la Providence, et Mme Gauvin, mère du Dr Gauvin qui prit part aux événements de 1837, et fut un des membres les plus actifs de l’association des Fils de la liberté.

Le shérif, à cette époque, était M. de Saint-Ours. M. A.-M. Delisle, était greffier de la Couronne, M. Leclerc, magistrat, M. Wand, geôlier, et le vieux Dr Arnoldi, médecin de la prison.

On n’a jamais pardonné aux Canadiens-français qui se trouvèrent obligés par leurs positions de sévir contre leurs compatriotes. Il n’y a pas de doute qu’il y eut alors, ainsi qu’il arrive toujours en temps de révolution, des délateurs, des lâches ou des traîtres, mais on s’accorde à dire qu’à moins de renoncer à leurs charges, ceux que nous venons de nommer ne pouvaient agir autrement qu’il n’ont fait. Mais si on ne doit pas trop les blâmer, on peut les plaindre d’avoir été obligés de remplir des devoirs si pénibles. Ajoutons