Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233
les patriotes

sortis de leur maison de pierre, et je certifie que le seul McAllister s’est exposé parmi toute cette armée d’officiers ; lui et cinq de ses gens ont appris à leurs dépens qu’il y avait aussi des hommes parmi les Canadiens. C’est vraiment honteux pour un homme d’oser se vanter à si peu de frais.

« En définitive, la masse des volontaires n’est qu’un composé de meurt-de-faim, qui crient « vive la reine, » parce qu’il faut qu’ils mangent.

« Montrez-vous, Canadiens, et ces êtres-là rentreront sous terre.

« Je serais curieux de voir aux trousses de tous ces gueux-là quelques centaines de ces hommes de cœur, comme nous en connaissons et comme il y en a tant en ce pays ; oh ! qu’ils veuillent donc une fois et tout ira bien.

« Je ne puis écrire, mes pensées se multiplient et ne peuvent s’accorder. Ce que je puis dire seulement, c’est que demain matin nous devons servir de spectacle à ces gredins-là et que j’ai bonne envie de leur rire au nez.

« Je meurs content et j’emporte la douce satisfaction d’avoir fait ce que j’ai pu. L’on me prend pour servir d’exemple, dit-on, je le souhaite ; que chaque étranger y apporte autant de bonne volonté que moi, et les pendeurs seront les pendus, chacun son tour ; c’est juste !

« Baron, si jamais il te tombe sous la main un de ces habits rouges, fais lui prendre le même chemin, afin qu’il m’apporte de tes nouvelles ; mais souviens-toi que je suis général et qu’il me faut quelque chose de bien, au moins un colonel, sans cela, je te le renvoie.

« À force de dire des bêtises, on se lasse ; il est minuit, et à neuf heures il faut partir, adieu ! Je sais qu’il te fallait une lettre sérieuse ; mais à l’impossible nul n’est tenu ; je ne puis ; la soirée a été trop orageuse