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les patriotes

« Déchire tout cela et n’en parle plus. Je me réveille et recommence avec l’espoir de mieux faire.

« Chs Hindelang. »

« Prison de Montréal, 15 février 1839,
5 heures du matin.
« Cher baron,


« Avant que la vengeance et la cruauté aient tout à fait détruit les pensées d’un homme qui méprise ces deux sentiments et les laisse à ses bourreaux, je veux te communiquer encore ma manière de voir quoique tu la connaisses. Il est certaines gens qui savent se comprendre, il suffit pour cela d’un coup d’œil et d’un mot.

« La potence réclame sa proie ; — c’est une main anglaise qui l’a dressée.

« — Nation cruelle et sauvage, êtres arrogants et sans générosité, en rappelant dans ce malheureux pays, en surpassant même en atrocité les siècles de la Barbarie, que n’en avez vous aussi conservé les usages ? Il manque encore quelques chose à votre joie — la torture ! Ah si vous l’aviez ! N’êtes vous pas les maîtres ? Que craignez-vous donc ? Un forfait de plus ne doit rien coûter à des âmes comme les vôtres ? Je ris de votre potence, je rirai de vos efforts à tourmenter vos victimes ! Liberté, liberté, qu’il serait beau de souffrir encore pour toi, qu’il serait beau de faire comprendre aux Canadiens, tout ce que tes amants reçoivent de force et de courage en te servant !

« Réveille-toi donc, Canadien, n’entends-tu pas la voix de tes frères qui t’appellent ? Cette voix sort du tombeau, elle ne te demande pas vengeance, mais elle te crie d’être libre, il te suffit de vouloir. Arrière, Anglais, amère, cette terre que vous foulez, vous l’avez baignée d’un sang généreux, elle ne veut plus te por-