Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
les patriotes

« Prison de Montréal, 15 février 1839.
« Cher Prieur,

« Vous me demandez un mot pour souvenir. Cher ami, que voulez-vous que je vous écrive, je pars pour l’échafaud. Soyez courageux et je meurs votre ami.

Adieu,

« Chevalier de Lorimier. »


«  À huit heures trois quarts environ, le geôlier, accompagné de quelques officiers militaires, de plusieurs soldats et d’un bon nombre de curieux, vint chercher les deux victimes. De Lorimier, en voyant apparaître ce cortège, dit au geôlier, d’une voix ferme : « Je suis prêt ! » Il m’embrassa, salua tous les amis, auxquels il avait déjà dit adieu, et partit avec son compagnon Hindelang. »

« De grands efforts avaient été faits pour sauver de Lorimier. Tout avait échoué.

« De Lorimier avait adressé au gouverneur Colborne une requête lui demandant de retarder au moins de quelques jours l’exécution de sa sentence, afin de lui permettre de régler certaines affaires importantes qui lui avaient été confiées en sa qualité de notaire. Il disait, dans cette requête, que plusieurs riches familles avaient mis entre ses mains l’avenir de leur fortune, et qu’il ne voulait pas mourir sans justifier la confiance qu’elles avaient mise en lui.

« Ce n’est pas un pardon que je demande, disait-il, je sais que je ne puis y compter, c’est un répit, un délai de quelques jours. J’ai fait le sacrifice de ma vie, j’ai fait ma paix avec mon créateur et je suis prêt à paraître devant mon Dieu. Mais averti hier seulement que je n’avais plus que trois jours à vivre, je n’ai pas le temps