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les patriotes

pour mes meurtriers. Il faut le mieux possible faire face à la mort. Plus un homme se montre faible, plus il trouve redoutables les horreurs de la mort. Est-ce que les hommes ne doivent pas tous mourir ? Je ne fais que ce que tous les hommes doivent faire un jour ou l’autre. Personne n’y peut échapper. Si ma mort arrive plus tôt que je n’étais en droit de l’attendre, c’est pour des motifs qui sont très honorables et dont je me glorifie. Je meurs, c’est un sacrifice sanglant à ma patrie. Je meurs martyr de la cause sacrée de la rédemption politique de mon cher pays ! Puisse la cause malheureuse retirer quelque bénéfice de ma mort violente !  ! Puissent les tyrans qui l’oppriment subir bientôt le sort cruel qu’ils infligent maintenant à des victimes comme Cardinal, Duquet, Hamelin, Robert et les deux Sanguinet et comme ceux qui le subiront avec moi vendredi prochain. Les motifs ont été honorables. Le ciel un jour ou l’autre couronnera nos efforts de succès ; et alors les tories hautains et oppresseurs quitteront ce malheureux pays pour toujours, et la paix régnera sur la terre fertile de mon pays bien-aimé. Ayez la bonté de présenter mon amitié constante, mon respect inaltérable à votre aimable femme. Quant à vous, mon cher cousin, vivez heureux et quelquefois pensez à un homme qui a été plus malheureux que coupable et qui a offert un sacrifice sanglant à son pays.

« Je demeure avec un tendre souvenir,
« Votre affectionné et votre fidèle ami,
« Chevalier de Lorimier. »