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les patriotes

Lettre écrite par de de Lorimier à un ami.


« Montréal, Prison Neuve, 12 février 1839.


« Mon cher ami,


« Je n’ai plus que deux devoirs à remplir ; le premier c’est de me tenir prêt pour le long voyage de l’éternité, le second d’écrire à mes amis et de leur faire mes derniers adieux. Quand un homme est attaché à ce monde par des liens aussi forts que ceux qui m’y retiennent, il est bien dur pour lui de mourir avant sa fin naturelle. Mais le sacrifice n’est pas aussi pénible qu’on pourrait le croire, quand on n’a pas considéré sa mort très prochaine. Plus nous pensons que la mort est proche, moins nous trouvons dur de mourir, et plus nous nous sentons résignés à notre sort. Si beaucoup d’hommes craignent, c’est qu’il n’ont pas sérieusement pensé à mourir. Pour moi, mon cher ami, je suis résigné à mon sort aussi cruel que peu mérité. Je suis ferme et tout à fait déterminé à mourir comme un homme qui sacrifie sa vie à une bonne cause. Je remercie le Ciel de m’avoir donné autant de courage. Je ne pouvais entreprendre ce long voyage vers l’éternité sans vous remercier des nombreux services que vous m’avez rendus. Permettez-moi, avant de vous quitter pour toujours, de vous assurer, que je vous ai toujours estimé comme un ami, et de vous exprimer aussi ma reconnaissance des secours que vous m’avez apportés durant mon malheureux emprisonnement. Puisse la Providence vous donner sur cette terre de misère une carrière longue et heureuse ! Puissiez-vous voir le jour où le sort cruel des nombreux martyrs qu’a faits notre sanguinaire et barbare Gouverneur Sir John Colborne, aura sa complète revanche sur les coupables qui ont versé le sang innocent ? Puissiez-vous prospé-