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les patriotes

LA BATAILLE DE SAINT-DENIS


Le 22 novembre 1837, vers dix heures du soir, le colonel Gore partait de Sorel, à la tête de cinq compagnies de fusiliers, d’un détachement de cavalerie avec une pièce de campagne, pour aller à Saint-Charles joindre le colonel Witherall, disperser les patriotes et arrêter leurs chefs. Il avait avec lui le député-shérif, M. Juchereau-Duchesnay, porteur des mandats d’arrestation. Il était en marche depuis environ une demi-heure, lorsque le lieutenant Weir arriva de Montréal par la voie de terre, avec une dépêche à l’adresse du capitaine Crompton, commandant la garnison à Sorel.

Comme le capitaine Crompton était parti avec le colonel Gore, le jeune lieutenant monta dans la calèche d’un nommé Lavallée et lui donna ordre de fouetter du côté de Saint-Denis. Ayant pris une autre route que celle suivie par les troupes, il les devança et arriva, vers dix heures du matin, à Saint-Denis, où il fut fort surpris de ne pas trouver ses gens. Arrêté par des patriotes, il fut conduit auprès du Dr  Nelson, répondit froidement et avec répugnance aux questions qu’on lui posa, et confirma la nouvelle de l’arrivée prochaine des troupes. Le Dr  Nelson le mit sous la garde du Dr  Kimber, ordonna qu’on eût pour lui tous les égards possibles, et s’occupa des préparatifs de défense. Il mit son fils Horace et son élève Dansereau à fabriquer des balles, eut une longue conversation avec MM. Papineau et O’Callaghan, qui s’étaient réfugiés chez lui depuis plusieurs jours, et monta à cheval, le matin, vers six heures, pour faire une reconnaissance sur le chemin de Saint-Ours. Le temps était si sombre qu’il faillit tomber au milieu de l’avant-garde des troupes ; il revint au grand galop, ordonna de couper les ponts, afin