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dizaine d’hommes ; il ordonne de tirer, et lui-même, ajustant celui qui était à la tête de la cavalerie, lui envoie une balle qui le frappe au genou.

Les chevaux effrayés par les coups de fusil se cabrent et s’emportent ; les bureaucrates sont convaincus qu’ils ont affaire à une centaine d’hommes déterminés. Viger profite de la confusion de l’ennemi. Debout sur la clôture, il parle, crie, commande comme si partout des hommes cachés attendaient ses ordres.

En avant ! dit-il, mes braves ; à mort les Chouayens ! Feu !

Plusieurs chevaux, atteints par les balles, partent au grand galop, toute la troupe prend la fuite.

Viger saute de la clôture dans le chemin, se jette, l’épée à la main, sur les deux chevaux qui traînaient la voiture des prisonniers, et les frappe à coups redoublés ; l’un des chevaux tombe. Un vieil huissier canadien accourt avec quelques hommes de la cavalerie et tire sur les prisonniers.

— Tu n’en tueras jamais d’autres, lui crie Viger, en lui enfonçant dans la cuisse son épée qui passe à travers le corps du cheval ; le cheval s’abat et tombe sur son cavalier. Pendant que le vieil huissier se tire péniblement de la mauvaise position où il se trouve, et parvient à se traîner jusque dans un four où il se cache, Viger brise les fers qui attachaient les prisonniers, fait sortir ceux-ci de voiture, et les emmène chez Vincent, où l’on célébra avec enthousiasme le premier triomphe des patriotes sur les bureaucrates.