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les patriotes

L’une des colonnes se dirigea vers un bois situé à l’est du village, une autre prit le bord de la rivière, et la troisième, la principale, munie d’un canon, reçut l’ordre de continuer sa route par le chemin royal, et de faire le siège de la maison de Mme  Saint-Germain.

Dans ce moment, se passait, à quelques arpents plus loin, un événement tragique et regrettable pour l’honneur des patriotes. Le lieutenant Weir, que quatre hommes conduisaient en wagon au camp de Saint-Charles, apercevant de loin ses gens, crut qu’il pourrait les rejoindre ; il se jeta en bas de la voiture et essaya de s’échapper. Ses gardiens, excités par les coups de fusil qui commençaient à se faire entendre, se jetèrent sur lui et le tuèrent à coups de sabre.

Il était alors entre neuf et dix heures du matin ; il faisait froid ; le temps était sombre, triste. « Un bon temps pour se battre, » disaient les patriotes.

De quel côté partirent les premiers coups de fusil ? Il est difficile de le dire, les récits des témoins oculaires diffèrent.

Le Dr  Nelson en entrant dans la maison de Mme  Saint-Germain, après une reconnaissance qu’il avait faite sur le chemin de Saint-Ours, dit aux patriotes : « Mes amis, je ne veux forcer personne à rester avec moi, mais j’espère que ceux qui resteront feront leur devoir bravement. Je n’ai rien à me reprocher dans ma conduite politique, et je suis prêt à faire face à toutes les accusations qui seront légalement et justement portées contre moi, et si on me somme de me remettre entre les mains des autorités, conformément à la loi et aux usages, je me rendrai ; mais je ne permettrai pas qu’on m’arrête comme un malfaiteur, qu’on me traite comme on vient de traiter Demaray et Davignon. »

Il avait à peine fini de parler, qu’un boulet abattit deux Canadiens qui se trouvaient à côté de lui : « Vous