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les patriotes

voyez, mes amis, s’écria le Dr Nelson, qu’il faut se battre ; soyez fermes, visez bien, ne vous exposez pas inutilement, et que tout coup porte. »

Plusieurs témoins oculaires affirment que les premiers coups de fusil furent tirés de la maison de Mme Saint-Germain et tuèrent deux soldats qui marchaient en avant comme éclaireurs ; d’autres assurent que le premier boulet ne tua personne. Une chose certaine, c’est qu’au commencement de la bataille, un boulet de canon pénétra dans le deuxième étage de la maison de Mme Saint-Germain, passant à travers les patriotes qui y étaient massés, et couvrant de sang, de morceaux de chair et de cervelle les murs et les planchers de la maison, et même les vêtements et la figure des compagnons de ces trois malheureux. Une balle tuait en même temps un nommé Minet, qui s’était montré à l’une des fenêtres.

C’était le baptême de sang de l’insurrection, baptême tragique et douloureux qui frappa d’abord de stupeur les patriotes. À ce sentiment bien naturel succédèrent bientôt cependant la colère et l’excitation de la lutte.


Les soldats anglais, certains que la lutte serait l’affaire d’un moment, le temps de lancer une dizaine de boulets et une trentaine de coups de fusil, se battaient à découvert et s’avançaient avec une insouciance dédaigneuse.

Leurs habits rouges offraient aux balles des patriotes d’excellents points de mire qu’elles ne manquèrent pas ; de la distillerie et de la maison de Mme Saint-Germain, ils reçurent une grêle de balles qui les décima ; trois canonniers furent tués l’un après l’autre, la mèche à la main, avant d’avoir pu mettre le feu à l’amorce du canon.

La trouée faite dans le mur de la maison s’élargis-