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les patriotes

Maynard était fortement trempé, il ne bougea pas, et, aussitôt les soldats partis, il se traîna jusqu’à la rivière et traversa à Saint-Marc.

On a beaucoup exagéré le nombre des patriotes tués à Saint-Charles ; on l’a porté jusqu’à cent et cent cinquante, mais des témoins oculaires le fixent à trente ou trente-deux, et ils disent à l’appui de leur opinion que les gens de Saint-Charles ayant obtenu le droit de réclamer les corps des patriotes tués et de les enterrer, on n’en trouva que vingt-quatre sur le champ de bataille, et trois autres plus tard sous les décombres d’une maison. On prétend, il est vrai, qu’il y en eut beaucoup de jetés à la rivière ; mais, tout considéré, il paraît certain qu’on ne peut porter à au-delà de quarante le nombre des morts. Ajoutons à cela une trentaine de blessés et autant de prisonniers.

Du côté des troupes, les rapports officiels constatent trois tués, dix blessés sérieusement et huit blessés légèrement. Cependant, des témoins oculaires s’accordent à affirmer emphatiquement que les premières décharges seules des patriotes abattirent une quarantaine de soldats. Ce qui prouve qu’il y a eu exagération des deux côtés.

Après avoir brûlé le camp et tout ce qu’il contenait, ainsi que quatre ou cinq maisons voisines, les troupes entrèrent avec leurs chevaux dans l’église de Saint-Charles où elles passèrent la nuit. Le lieu saint fut livré à toutes sortes de profanations qu’il est inutile de décrire.

Après Saint-Denis, Saint-Charles ! Après l’exaltation de la victoire, la désolation de la défaite ! En deux jours, quel changement ! Au loin, on apprenait en même temps le glorieux début et la triste fin de l’insurrection sur les bords du Richelieu.

Comme les événements, la plupart du temps, tiennent à peu de chose, au hasard, à un simple accident ! Si les