Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
les patriotes

événements qui se sont passés dans mon comté et dont je vais vous continuer le récit.

« Les troupes stationnées à Carillon avec les volontaires et loyaux d’Argenteuil, Chatham, Grenville et les orangistes de Gore, tous, ou au moins la plupart armés et ammunitionnés par le gouvernement, se divisèrent en deux bandes pour donner sur Saint-Benoît. Le même soir de mon départ de chez moi, une partie de l’expédition bivouaqua dans la baie de Carillon pour déboucher par les Éboulis, et j’aperçus leurs feux de l’endroit où j’étais arrêté ; l’autre partie chemina par la rivière Rouge et Saint-Hermas.

« Le lendemain matin, vendredi 15 décembre, les ennemis ne tardèrent pas à entrer dans les Éboulis le long du lac des Deux-Montagnes. Ils parcoururent lentement cette côte, s’arrêtant aux maisons marquées de proscription pour y commettre toutes sortes de brigandages, pillant tout ce qu’ils trouvaient sous leurs mains. Tous y prirent part, le ministre Abbott fit sa provision de dindes et autres choses, et M. Forbes que vous connaissez, se chargea de butin. Arrivés à la belle maison de pierre du capitaine Mongrain, d’où sa dame s’était sauvée avec ses enfants, ils pillèrent cette maison et y mirent le feu. J’étais à quelques arpents de là dans le petit bois qui se trouve non loin du chemin, et je pus voir de mes propres yeux toutes ces horreurs. Je les vis, ces sauvages, danser, gambader et jouer de la trompette devant la maison en jetant des cris féroces. Ils mirent ensuite le feu à la grange du capitaine Mongrain et à la maison voisine appartenant à la veuve Laframboise, près de la terre du père Payen que vous connaissez, et ils prirent le chemin de Saint-Étienne.

« Il me serait impossible de vous peindre la désolation que cette marche et les scènes barbares dont elle était accompagnée, répandirent dans les familles. Je