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gagner le grand chemin et que ses chevaux en eurent les poils grillés.

« Pourquoi aussi des officiers supérieurs ordonnèrent-ils l’incendie et le pillage en plusieurs endroits et y présidèrent-ils ? N’ai-je pas déjà dit que l’église de Saint-Hermas et celle de Sainte-Scholastique ne furent sauvées des flammes que par l’intervention des curés et de quelques citoyens qui réussirent à calmer la fureur des officiers des troupes de ligne, de leurs soldats et des volontaires surtout ? Et, je le tiens de M. Scott lui-même, à Sainte-Thérèse, n’est-il pas de fait que le colonel Maitland ordonna l’incendie des maisons de M. Neil Scott, du docteur Lachaîne et autres patriotes du village, et que sans les pressantes prières de Messire Ducharme, ces ordres barbares eussent été exécutés ? Maitland souffrit même que Messire Ducharme se jetât à deux genoux devant lui pour implorer sa clémence.

« Mais, si véritablement Son Excellence eut donné des ordres contraires, comment est-ce donc encore que le major Townsend, qui commandait les troupes à Carillon, et qui faisait partie de l’expédition de Saint-Benoît, comment se peut-il faire qu’en s’en retournant par Saint-Vincent, il soit arrêté chez Richer et François Ouellet, que vous connaissez, et leur ait dit de mettre des couvertes mouillées sur le toit de leurs maisons, car il allait faire brûler la maison de pierre de Joseph Fortier, laquelle, comme vous devez vous en souvenir, n’est séparée des premières que par le chemin du roi ? En effet, les soldats exécutèrent les ordres du major et y mirent le feu. Ensuite les troupes reçurent l’ordre de continuer leur route. Heureusement que le pauvre Fortier fut averti à temps. Il réussit à sauver sa maison en jetant par les fenêtres les paillasses où les soldats avaient mis le feu. Mais il faillit lui en coûter la vie, parce que des soldats de l’arrière-garde ayant aperçu son mouvement, lui tirèrent leurs mous-