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ouest de la rue Notre-Dame, se mit à se promener comme si de rien n’eût été. Rendu au corps de garde principal, il fut arrêté par une sentinelle. Il persista à vouloir passer et pendant la discussion qui s’engagea, la patrouille arriva. Le sergent saisit Rodier au collet et voulut le jeter dans la rue. Rodier s’adressant à l’officier commandant, lui cria :

— Ordonnez à cet homme de me lâcher.

— Qui êtes-vous ? demanda l’officier.

— Je suis Édouard Rodier membre du barreau de Montréal et du parlement ; voici ma carte, et vous qui êtes-vous ?

— Je suis, répondit l’officier, le lieutenant Ormsby, des Royaux.

— Très bien, dit Rodier, vous aurez de mes nouvelles.

Le jour suivant, M. T.-S. Brown et un autre ami allaient, de la part de Rodier, offrir un cartel au lieutenant Ormsby. Celui-ci les renvoya au capitaine Mayne du même régiment. Mayne trouva que la demande de M. Rodier était peu raisonnable, que son ami Ormsby avait cru remplir son devoir et que ce qui était arrivé était un pur accident. M. Brown répondit que si les militaires avaient des devoirs, les citoyens eux avaient des droits et qu’il fallait une satisfaction à son ami.

Le duel finit par être accepté, et on décida que la rencontre aurait lieu sur le terrain des courses de la rivière Saint-Pierre.

Rodier apprit avec plaisir le résultat de son défi. Il venait de se battre à Québec et n’avait fait qu’effleurer son adversaire ; il assura que cette fois il ne manquerait pas son coup. « Je ne demande qu’une chose, dit-il à M. Brown, c’est que vous placiez mon adversaire de manière à ce qu’il soit un peu plus élevé que moi. »