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Il souffrit toute sa vie d’une maladie de foie qui réagissait parfois sur son caractère. D’un tempérament bilieux, il était très-prompt, mais il était contrôlé par son jugement et son cœur, aussi bons l’un que l’autre. Comme MM. Morin, Viger, Cherrier et plusieurs autres hommes de cette grande génération, il était aussi bon chrétien que bon citoyen, pratiquait ce qu’il croyait, et faisait aimer la vertu et la religion par la sincérité de ses convictions et la force de ses exemples. Ils savaient concilier, ces grands citoyens, leurs devoirs envers Dieu avec leurs devoirs envers la patrie, et manifestaient leur foi dans leurs œuvres et leur conduite.

Les familles qui avaient souffert dans les troubles de 1837, et les infortunés en général, trouvèrent toujours dans M. Girouard un ami, un protecteur. Saint-Benoît possède dans l’hospice d’Youville un monument qui atteste la générosité et la charité chrétienne de cet excellent citoyen.

M. Girouard avait perdu sa première épouse en 1847 ; quatre ans après, en 1851, il épousa en secondes noces Mlle  Émilie Berthelot, sœur de M. le juge Berthelot, une femme digne de lui par l’esprit et le cœur, qui s’associa à ses bonnes œuvres et les continua quand il ne fut plus de ce monde.

Il put, grâce à une vie régulière et malgré un travail constant et excessif souvent, prolonger ses jours, vivre plus longtemps que sa santé délicate le faisait présager. Cependant, au commencement de l’année 1855, ses forces commencèrent à décliner visiblement ; il comprit que la fin était prochaine et vit arriver la mort avec la confiance et la paix que donne une vie pleine de mérites.

Il mourut, le 18 septembre 1855, et fut inhumé dans la chapelle qu’il avait fondée ; une pierre tumulaire, due au patriotisme et à la piété de son beau-frère,