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Benoît, se rendait chez M. Girouard et disait qu’il venait de Saint-Eustache chercher des secours. Le Dr Masson et son frère Damien lui reprochent d’avoir quitté le champ de bataille, et le traitent de lâche et de poltron. Girod, furieux, tire un pistolet, mais le Dr Masson l’aurait assommé d’un coup de tisonnier si son frère ne lui eût pas arrêté le bras.

— Nous n’avons pas de temps à perdre, dit M. Damien Masson à son frère, allons au secours de Chénier avec tous ceux que nous pourrons soulever et entraîner, nous emmenons Girod avec nous.

— Oui, dit le Dr Masson, qui avait une carabine à la main, allons, Girod, nous verrons qui est un lâche.

Ils partirent, Girod avec eux, enrôlant tous ceux qu’ils pouvaient rencontrer. Arrivés à mi-chemin, ils s’arrêtèrent chez un nommé Inglis. Pendant qu’ils se chauffaient, Girod se glissa furtivement dans une chambre de la maison, s’élança par la fenêtre dans la cour, monta dans la voiture d’un cultivateur, et se sauva au grand galop du cheval, du côté de Sainte-Thérèse. On sait que, poursuivi et trahi, il se faisait sauter la cervelle, quelques jours après, à la Pointe-aux-Trembles, au moment où il allait être arrêté.

Inutile de dire combien la fuite de Girod consterna ceux qui avaient eu confiance en lui. Bientôt, les patriotes échappés au massacre de Saint-Eustache, commencèrent à arriver et racontèrent les tristes événements dont cette paroisse venait d’être le théâtre.

Chénier mort… Girod disparu… on comprit que tout était fini, et on décida qu’il fallait déposer les armes et recevoir les troupes, le drapeau blanc à la main.

Les chefs ayant résolu de quitter Saint-Benoît avant l’arrivée des troupes, afin d’échapper à la vengeance des bureaucrates et de rendre plus acceptable la soumission des gens de cette paroisse, le Dr Masson et