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LES DEUX PAPINEAU

son geste grandiose et de son regard terrible, lançait contre les ennemis de son pays ses éloquentes philippiques, les gouverneurs tremblaient sur leur trône et la majorité, fière de son chef et de son orateur, l’acclamait avec enthousiasme.

Et lorsqu’il allait de village en village, jetant partout des paroles de feu, des éclairs d’éloquence, quelles ovations ! quelles processions ! quelles joyeuses manifestations ! On déployait les drapeaux ; les femmes agitaient leurs mouchoirs ; les enfants lui jetaient des bouquets ; et tous n’avaient qu’une voix pour crier : « Vive Papineau ! »

Son éloquence était passée à l’état de proverbe ; on disait d’un enfant qui manifestait des dispositions à bien parler : « C’est un Papineau. »

L’éloquence de M. Papineau se distinguait par la véhémence de la pensée et du langage, la grandeur des sentiments, l’abondance de la parole, l’amour de la liberté, la chaleur du patriotisme. Elle aurait pu être plus souple, plus chaleureuse, plus entraînante, plus correcte surtout ; le langage