Page:David - Les deux Papineau, 1896.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
LES DEUX PAPINEAU

était diffus, la diction fatigante, la déclamation trop solennelle parfois, mais il savait parler à la raison du peuple, éveiller en lui les sentiments d’honneur, d’indépendance et de dignité. On trouve dans ses discours une grande érudition, une connaissance approfondie de l’histoire politique des nations modernes, de l’Angleterre surtout.

Deux ou trois fois seulement, pendant les vingt dernières années de sa vie, il consentit à rompre le silence pour parler en public, une fois au Cabinet de Lecture Paroissial où il fit un magnifique éloge des prêtres du séminaire de St-Sulpice et, quelque temps après, à l’Institut Canadien. On était venu de tous côtés pour l’entendre parler, les jeunes gens surtout étaient accourus pour applaudir, au moins une fois, l’homme dont la parole avait si profondément impressionné leurs pères. Sans doute, ce n’était plus l’orateur d’autrefois, mais que de force encore dans cette voix affaiblie ! que de grandeur dans cette ombre d’un passé à jamais glorieux !

Il y avait dans son extérieur, dans son