absence d’un demi-siècle, au hameau natal, jouir d’un repos bien mérité. C’était lui qui avait fait restaurer la maison un peu délabrée. Sa fille, Suzanne, s’était chargée de la parer intérieurement et d’y mettre toute l’élégance possible ; sa présence seule y apportait la grâce.
Suzanne était l’unique enfant du colonel. Elle n’avait guère connu sa mère, morte jeune. À vingt-cinq ans, elle était dans tout l’épanouissement d’une beauté très fine et très pure, pareille à un printemps plein de sève et riche de roses.
Et tous deux, le père et la fille, vivaient là, heureux : lui, attentif, après la règle si longtemps subie, à la joie de paisibles loisirs et d’une liberté enfin reconquise ; elle, apportant, près de ce renouveau de vie qu’éprouvait le vieux soldat, sa jeune bonté, sa gaîté discrète et presque grave, et le parfum