Page:Daxhelet - Nouvelles de Wallonie, 1894.djvu/44

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pu prouver juridiquement leurs droits à la maisonnette et au closeau qui l’entourait.

C’était pourtant un voisin singulièrement fâcheux qu’avaient les censiers du Reinau.

Jean Cretel – ou « li groumacien », comme on l’appelait – avait bien quatre-vingts ans à l’époque dont je parle. Ce qu’on savait de son passé se résumait comme ceci. Il avait été tambour dans les armées du grand Napoléon. Il était revenu, un jour, à Marnève ; et, dès lors, tout le temps qu’il avait vécu, il l’avait employé à faire le mal ou à purger les innombrables condamnations que lui avaient encourues ses multiples méfaits.

Maquignon à ses heures, braconnier arpentant la campagne et battant les fourrés par toutes les claires nuits, il faisait surtout profit d’un troisième métier, plus lucratif que les deux premiers, celui de sorcier de village. Il passait pour posséder un remède guérissant les enfants de la fièvre lente et il jetait des sorts. On assurait aussi qu’il administrait d’aucunes fois de diaboliques breuvages aux filles qu’une malencontreuse grossesse mettait dans l’embarras. Mais ce qui lui avait procuré une réputation régionale c’était le secret qu’il